L’école buissonnière

The Do A mouthful (2008, Cinq7)

The Do - A mouthful

Voilà donc le duo franco-finlandais qui s’est emparé des charts français en cette année 2008 avec leur excellent single On my shoulders. Derrière ce nom, acronyme des initiales des prénoms du duo, on retrouve Dan Levy et Olivia Merilahti, qui se rencontrèrent il ya deux ans à l’occasion de l’écriture de la bande son d’un long-métrage français et qui ne se sont plus quittés depuis.

A l’écoute de ce premier album, on ne peut que se féliciter qu’un groupe pareil décroche un si joli succès, nous reposant un peu des rentiers pantouflards et des faux jeunes alignant leurs rythmes éculés produits au kilomètre qui squattent d’ordinaire le haut des hit-parades. On a affaire ici à un couple brillamment aventureux, entraînant l’auditeur dans une roborative séance d’école buissonnière.

The Do folâtre en effet avec bonheur entre pop, folk, musique tribale et hip-hop bucolique, faisant souffler sur ses chansons un joli vent de liberté. Surtout, derrière la fraîcheur affichée de l’ensemble, le groupe fait montre d’un beau brin de perversité, tant les arrangements retors de Levy ne cessent de tendre pièges et chausse-trapes à la voix multicartes d’Olivia. Il est ainsi passionnant de voir comment cette dernière parvient sans cesse à éviter les peaux de banane que lui jette son partenaire dans une manière de jeu ambigu, beaucoup moins innocent qu’il n’en a l’air.

Pour s’en convaincre, il suffirait déjà d’écouter The bridge is broken, impressionnante partie de ping-pong entre les mélodies tordues du garçon et le chant équilibriste de la fille, empruntant aussi bien à Bjork qu’à Blonde Redhead. The Do aligne quelques pépites pop-folk remarquables, du languide At last au magnifique Stay (just a little bit more), morceau à rendre jaloux Feist. Le groupe n’hésite pas à élargir son terrain de jeu avec un drôle de morceau hip-hop, Queen dot kong, plus proche de Lily Allen que d’Eminem ou avec la majestueuse ballade When was I last home où passe l’ombre de Sa Majesté Bjork. Sur Unissasi laulelet, le groupe nous entraîne dans une irrésistible transe païenne, avec totem et sans tabou. On retiendra aussi Travel light, chargé de lourds nuages noirs et qui confirme les tensions cachées derrière la joliesse du décor.

Malgré quelques morceaux plus ordinaires, le duo (couple) s’offre et nous offre un joli coup d’essai. Sans avoir l’étoffe d’explorateurs intrépides, ces deux promeneurs nous emmènent dans une ballade charmante, suffisamment loin des sentiers battus pour qu’on y respire un peu mieux.

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