1 année, 10 albums : 1982
par Frédéric Duton · Publié · Mis à jour
Si elle ne constitue pas forcément un millésime majeur, 1982 recèle quand même son lot de perles, entre l’arrivée sur le devant de la scène de quelques jeunes pousses prometteuses – voire plus (Orange Juice, Tracey Thorn, The Dream Syndicate) et la confirmation de talents hors normes (The Cure ou Richard Thompson). En tout cas, 25 ans après, ces dix albums conservent toute leur fraîcheur et leur pertinence.
10. The Clash - Combat rock
S'il souffre de la comparaison avec les deux précédents opus du groupe, "Combat rock" donne néanmoins toujours à entendre un gang bagarreur et stylé, résolument en prise avec son époque et qui décrochera ici son plus gros succès commercial. Pour être moins vivace, la flamme n'est pas encore éteinte.
9. Alain Bashung - Play blessures
Après les triomphes de "Gaby" et "Vertige de l'amour", Bashung entreprend de consciencieusement faire dérailler le train de son succès. Assisté d'un Gainsbourg impeccable en aide-dynamiteur, l'Alsacien provoque ici le temps de 10 morceaux cabossés un carambolage inédit dans la musique d'ici, collision improbable entre Suicide, la cold-wave, Dutronc et Boby Lapointe.
8. The Dream Syndicate - The days of wine and roses
Si l'époque est au synthétisme d'une new-wave triomphante, ce combo angeleno emmené par Steve Wynn, tête de pont de la scène Paisley Underground, prête allégeance aux guitares du Velvet Underground et de ses plus racés descendants. Ce psychédélisme enfumé combiné à une fougue mélodique inspirée donnera des idées à tout un pan de l'indie-rock à venir, d'Hanni El Khatib aux Dandy Warhols.
5. Bruce Springsteen - Nebraska
Après les grandes eaux de "The river", Springsteen assèche volontairement sa musique, met le E. Street Band en mode pause et se présente dans le plus simple appareil pour chanter l'Amérique désenchantée et les perdants d'un reaganisme alors conquérant. Nu et culotté, le Boss s'avère plus touchant que jamais.
4. Orange Juice - You can't hide your love forever
Dix mois avant "Rip it up", les Ecossais d'Orange Juice posaient les bases d'une certaine indie-pop : ultra-mélodique, romantique, spirituelle... Chez les esthètes de Postcard Records, cet album bluffant ouvrait grandes des portes dorées dans lesquelles s'engouffreraient quelques uns de mes groupes de chevet, des Smiths à Belle & Sebastian.
3. Richard & Linda Thompson - Shoot out the lights
Huit ans après le chef-d'oeuvre "I want to see the bright lights tonight", le couple Thompson se prend à caillasser des projecteurs qui n'éclairent plus que la fin de son histoire. Bouleversant précis de décomposition d'un couple, "Shoot out the lights" jette une lumière crue sur les cendres d'un feu consumé . Du grand art.
2. Tracey Thorn - A distant shore
Deux ans avant de devenir la précieuse moitié d’Everything But The Girl pour un "Eden" impérissable, Tracey Thorn expose déjà tout son talent avec ce disque hors du temps, hors des modes mais pourtant inestimable, portrait tremblé des états d'âme d'une jeune fille amoureuse et peinture évanescente d'un passage à l'âge adulte à la beauté acide.
1. The Cure - Pornography
Avec "Pornography", The Cure libère d'un seul coup la colère contenu sous les glaces de ses deux formidables albums précédents et déclenche du même coup l'un des plus impressionnants incendies de l'historie du rock. Disque somme, "bloc d'abîme" jeté à la face du monde, "Pornography" demeure toujours 25 ans plus tard ce monstre imposant auquel on se frotte avec un mélange d'effroi et d'admiration.