La fille de l’air
Feist The reminder (2007, Polydor)
J’ai déjà eu l’occasion ici de parler de Feist à propos de son précédent album, le joli Let it die, disque de pop-folk libre et subtil. Avec ce troisième opus paru en 2007, la Canadienne Leslie Feist n’a pas manqué l’occasion d’enfoncer joliment le clou, réussissant la gageure de conquérir un succès plus vaste encore en réalisant un disque plus abouti.
My moon, my man / So changeable and / Such a loveable lamb to me (My moon my man)
Assistée de sa troupe de fidèles, notamment des précieux Gonzales et Renaud Létang, Feist poursuit dans sa voie faite d’éclectisme et d’élégance. L’esprit toujours aventureux, la demoiselle balance ainsi entre ballades folk, tonalités jazzy et mélodies pop pour un résultat vraiment plaisant. Sa voix, quelque part entre Joni Mitchell et Kristin Hersh, lui permet d’assumer ces changements de registre avec bonheur, le tout reposant sur une instrumentation juste et subtile. Le seul bémol selon moi tiendrait dans ce que certaines chansons, pour agréables qu’elles soient, demeurent un peu trop lisses pour rendre vraiment justice au caractère pourtant bien trempé de la demoiselle.
The cold heart will burst / If mistrusted first / And a calm heart will break / When given a shake (How my heart behaves)
Il est difficile en tous cas de passer à côté des deux tubes majeurs de cet album, deux pépites joliment placées au sommet des charts français: l’épatant « My moon my man » et son riff de piano imparable, et surtout le génial « 1234 », moment de grâce et d’élégance comme on en voit peu au sommet des hit-parades (un peu comme le superbe « New soul » de Yael Naim) . Outre ces incontournables, Feist aligne une poignée de chansons de haute tenue, à commencer par ce magnifique « I feel it all », tout de plénitude mélancolique, irradié par le toucher grâcieux de Gonzales au piano. Feist séduit aussi bien nue avec la ballade folk « So sorry » et l’émouvant « The park » que drapée dans les élégantes soieries du superbe « How my heart behaves ». « Sealion » nous dévoile une Feist plus débridée mais pas moins intéressante sur ce morceau aux percussions tribales qui annonce le beau chantier de Metals. On accordera aussi une mention spéciale à la douceur inquiète du superbe « Limit to your love », que reprendra plus tard James Blake. Dommage comme je l’ai dit plus haut que certains titres ronronnent un peu, comme « Intuition » ou « Brandy Alexander ».
Old teenage hopes are alive at your door / Left you with nothing but they want some more (1234)
Malgré quelques limites, la Canadienne réussit à confirmer les promesses contenues dans son précédent opus, parvenant de surcroît à imposer au sommet des charts une personnalité bien affirmée. La jeune femme réussira à s’élever encore vers l’excellence avec son formidable Metals de 2011, d’une beauté sauvage qui n’a pas fini d’éblouir.
2 réponses
[…] triomphe planétaire de The reminder, porté par les lumineux « My moon my man » et « 1234 » […]
[…] « One evening » lui gagnant une certaine audience commerciale. Mais c’est bien avec son The reminder de 2007 que la jeune femme décrochera la timbale, réussite totale tant publique […]